Comme chaque vendredi, j'attendais son retour. Comme chaque vendredi depuis déjà plus de six mois, elle nous disait qu'elle reviendrait. Comme chaque vendredi, elle ne revenait pas. Ce jour-là, fut encore un faux espoir, assise sur le fauteuil du salon, je balançais mes pieds, ne touchant pas le sol. Je n'avais que cinq petites années. La personne que j'attendais, était ma mère. Une mère absente. Voyageant pour son travail, elle nous disait revenir chaque week-end, chose qu'elle ne faisait pas. Je ne voulais pas y croire, pas encore une fois. Pourquoi ne revenait-elle pas me voir ? J'étais juste une enfant, je ne comprenais pas l'absence d'une mère auprès de sa fille. Je levais le regard vers mon père, il avait cette expression sur son visage qu'il avait chaque vendredi, me faisant comprendre qu'elle ne serait pas avec nous, ce soir. Je déposais mes pieds sur le sol, d'un regard peiné, je montais à l'étage où se trouvait ma chambre. Je laissais glisser mes larmes sur mes joues, frottant mes yeux pour ne pas laisser apparaître ma tristesse. Je compris que ma mère ne reviendrait jamais, qu'elle n'avait plus de temps à m'accorder comme auparavant. Je devais m'y faire, et être forte.
Depuis ce jour, chaque vendredi est devenu un jour comme un autre. Celui où je rentre de l'école, sans avoir par la suite un faux espoir. Je passe une soirée avec la compagnie de mon père, éloignant le plus possible de mon esprit : ma mère. Chaque jour, elle me manque, je me vois en elle. On m'a toujours dit que j'étais le portrait de ma mère. Un visage aux traits fins, où un sourire affiche de jolies pommettes, et nos yeux nruns. Plus je grandissais, plus mes expressions étaient les siennes. Elle était photographe, dans son métier elle avait toujours désiré voyager, découvrir de nouveaux paysages, elle l'a d'ailleurs fait en oubliant sa famille. J'ai toujours désiré aller dans la même voie qu'elle, même aujourd'hui la photographie est l'une de mes passions, comme le droit.

Mon enfance a été une enfance normale, sauf qu'il manquait une mère. Je dois beaucoup à mon père, sa présence à mes côtés, son aide. Il ne m'a jamais laissé tomber, il n'a jamais craqué. Il est un exemple, il l'est devenu. Il avait du mal à s'occuper de moi, il faisait tout pour que je me sente bien. Je n'étais pas l'enfant modèle, loin de là. J'étais tellement têtue, qu'il avait du mal avec mon éducation. Mais, il savait comment me remettre dans le bon chemin, je n'ai jamais su comment, mais il avait toujours les mots pour que je redevienne une gentille petite fille. Certes, pendant une courte durée, mais je le redevenais. Enfant, on a tous fait des bêtises, finissant par exaspérer nos parents. Heureusement qu'à l'adolescence je suis devenue plus carrée. Les études devenaient ma priorité. Déjà, à quinze ans, je partais dans la même voie que mon père : celle pour devenir avocate. Mais, un vendredi, une personne venait chambouler ma vie. Ma mère. Plus de dix années avaient passé, sans que je n'ai eu la moindre nouvelle, le moindre coup de téléphone. Lorsque je l'ai vu, elle utilisait une expression sur son visage, la même que j'utilisais pour m'excuser auprès d'une personne. J'avais grandi, je m'étais forgée un caractère. Plutôt dur d'ailleurs, têtue, rancunière et colérique. Il n'y a pas eu une grande conversation pour que je lui fasse comprendre qu'elle n'était pas la bienvenue. Elle n'avait rien à faire à Londres , elle n'était plus chez elle. Elle s'excusait mainte et mainte fois, de ne pas avoir été présente pour mon éducation, de ne pas avoir vu sa fille grandir, de ne pas avoir apporté l'amour d'une mère à son enfant. Elle n'avait aucun droit de rappliquer à la maison et de vouloir renouer notre vie de famille. Il était trop tard. Mon père avait compris mon choix, et il l'acceptait, je connais la peine que je lui faisais ressentir en ne voulant pas son retour, mais au fond il savait que j'avais raison.

Quatre années se sont écoulées depuis son retour. Depuis le jour où je l'ai fichu à la porte. Elle n'est plus revenue, d'une façon ou d'une autre, sa fille, moi-même, n'avait plus besoin d'elle. Je grandissais, j'avais dix-huit ans quand j'ai eu en quelque sorte une période sombre. Je n'avais pas une vie parfaite, mais elle l'était pour moi. Mon père faisait mon bonheur. Il a fallu qu'on me l'enlève un soir froid de décembre. Je me rappelle qu'un vendredi soir, toujours un vendredi, je rentrais du lycée quand il n'était pas là. D'habitude, il arrivait toujours avant moi. Je pensais au départ, qu'il avait eu une simple surcharge de travail et qu'il n'avait pas eu le temps de me prévenir, chose qui n'est pas son habitude. C'est quand le téléphone se mit à sonner, je savais que s'était lui, du moins je le pensais. La voix était différente, masculine, mais pas celle de mon père. On m'apprenait son décès dans un simple accident de voiture. Il a suffit qu'on lui coupe la route, pour qu'il perde la vie. C'est à cet instant, que je me suis sentie seule, perdue, et triste. La seule personne que j'aimais réellement, que je pouvais avoir confiance venait de me quitter. Finalement, je me posais la question si le bonheur était réellement fait pour moi. Je m'éloignais de beaucoup de personnes, mes amis, mon petit-ami. J'étais solitaire, gardant ma tristesse pour moi, ce que je n'aurais jamais dû faire. J'aurais dû en parler, j'avais des amis là pour moi, ce que j'ai fait, c'est de me les mettre à dos. Il m'a fallu du temps pour remonter la pente. Je prenais les choses en main, m'intégrant encore plus dans les études, j'allais faire comme lui, devenir une grande avocate. Il était mon modèle, j'ai seulement décidé de le suivre. Chaque jour, je sais qu'il est là-haut, qu'il me regarde et j'espère qu'il est fier de moi. Perdre une personne est très dur, il n'y a pas une journée où je ne pense pas à : Et s'il était encore là ? Je ferais cela ? On est un peu perdu, on doit quand même rester fort, ou plutôt essayer de le montrer.

KRISTEN, merci beaucoup.

Désolée du double-post, mais je pense avoir terminé ma minable fiche.